Domiziana Serrano

Domiziana Serrano, lauréate de la première édition de l’appel à candidature pour la bourse doctorale de la Graduate+ ARTS

Provenant de l’Université degli Studi G. d’Annunzio, à Chieti – Pescara, en Italie, elle est doctorante à l’Université Jean Monnet Saint-Étienne au sein du laboratoire ECLLA (Études du Contemporain en Littératures, Langues, Arts).

Sa thèse, sous la direction de Fabrice Flahutez et intitulée Prolégomènes à une histoire de la sculpture dans le surréalisme 1924-1969. Qu’est-ce que le genre et le lieu d’émergence font à la sculpture ?, vise à retracer les trajectoires de la sculpture au sein du mouvement surréaliste. Souvent négligée dans l’historiographie, une pléthore d’artistes s’est pourtant consacrée à l’exploration des caractéristiques sculpturales. Ses recherches s’intéressent à la production artistique des femmes sculptrices, ainsi qu’à celle des artistes provenant du Sud global.

À propos

Dans leur ouvrage séminal Old Mistresses: Women, Art and Ideology, publié pour la première fois en 1981, les historiennes de l’art féministe Griselda Pollock et Rozsika Parker formulaient une observation aussi percutante que troublante : les artistes femmes associées au surréalisme « se préoccupaient directement néanmoins, même de manière déconcertante, de transformer les définitions existantes de la différence des sexes  » (Parker, Pollok, 1981). Et pourtant, paradoxe révélateur, depuis les années 1980, les avancées critiques dans cette direction demeurent étonnamment ténues. Certes, un nombre croissant d’artistes surréalistes femmes accèdent aujourd’hui à une reconnaissance institutionnelle et symbolique comparable à celle de leurs homologues masculins, comme en témoigne l’exposition Surréalisme au féminin ?, présentée en 2023 au Musée de Montmartre. Cependant, cette visibilité accrue ne fait que reconduire, sous des formes nouvelles mais familières, un schéma déjà bien établi : celui d’une célébration individualisée, des artistes femmes en tant que génies singuliers. Ce que Mary D. Sheriff avait nommé, avec une acuité critique pertinente, un processus de « redécouverte », qui n’est autre, au fond, qu’un mécanisme de répétition, semble ainsi se perpétuer dans l’historiographie contemporaine des femmes artistes (Sheriff, 2017, p. 91-112) .
Ce carnet de bord se conçoit comme une réflexion en constante évolution, à la fois approfondie et élargie, sur la place et les trajectoires des artistes femmes au sein du surréalisme, envisagé ici dans son acception la plus vaste, en tant que mouvement pluriel, globalisé et résolument cosmopolite, véritable creuset d’imaginaires multiples, hétérogènes et polyphoniques. Il s’agit dès lors de porter une attention particulière à des figures longtemps marginalisées dans l’ombre des récits dominants, en interrogeant non seulement leurs choix esthétiques, c’est-à-dire l’adoption ou l’appropriation d’une iconographie surréaliste, voire surréalisante, mais d’investiguer également les contextes sociaux, culturels et géopolitiques dans lesquels ces artistes ont développé leur pratique. La réappropriation de formes artistiques historiquement stigmatisées en raison de leur association au féminin, telle que la couture, s’affirme comme une constante significative dans l’œuvre de nombreuses artistes surréalistes. On pense, par exemple, aux soft sculptures de l’américaine Dorothea Tanning, mais aussi, de l’autre côté de l’océan Pacifique, aux collages de l’artiste japonaise Okanoue Toshiko.
Si ce blog scientifique entre en résonance avec mes recherches doctorales, lesquelles portent sur la sculpture surréaliste, ainsi que sur l’impact croisé du genre et de l’appartenance au Sud global dans la reconfiguration de ce médium, son ambition ici est d’élargir le cadre d’analyse afin d’offrir un panorama plus vaste et plus transversal de ce que signifie être une femme artiste surréaliste.
Le carnet privilégiera ainsi des récits décentrés, en mettant en lumière des pratiques encore insuffisamment reconnues (telles que la sculpture, le collage ou les techniques mixtes), les dynamiques d’échanges transatlantiques et les parcours d’artistes issues des pays du Sud global. Il s’agira, ce faisant, de contribuer à l’élaboration d’une cartographie nuancée, afin de mieux saisir ce que le surréalisme apporte à leurs œuvres, mais aussi la manière dont celles-ci, en retour, reconfigurent et enrichissent le surréalisme lui-même.

Biographie de la chercheuse

Domiziana Serrano est doctorante en Histoire de l’art contemporain à l’Université Jean Monnet – Saint-Étienne (France). Ses recherches portent sur la sculpture surréaliste, qu’elle questionne à travers ses pratiques matérielles et ses frontières conceptuelles. Elle mobilise des méthodologies féministes et postcoloniales, en mettant l’accent sur les échanges transculturels, afin de remettre en question et de reconfigurer le surréalisme au-delà d’un paradigme occidental restreint. Au cours de sa première année de doctorat, elle a présenté ses travaux dans plusieurs colloques internationaux, notamment ISSS (2024), Atelier 17 at 100 (2024) et Women Artists in the Atlantic Space (2025). Ses prochaines publication paraîtront dans le cadre du projet Transatlantic Cultures (2025), ainsi que dans l’International Journal of Surrealism.

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Contrat doctoral de la Graduate+ ARTS

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