11, 12 et 13 décembre 2024 à Saint-Étienne
Comment la création musicale pour le jeune public s’empare-t-elle, sur scène, de la question du vivant ?
De nombreuses œuvres musicales pour l’enfance et la jeunesse transmettent des imaginaires sonores et visuels du monde animal, végétal et minéral qui questionnent nos relations à l’enfance, au vivant, et nos perceptions des liens qui les unissent. C’est pour tâcher de mieux les saisir que l’Institut ARTS (Université Jean Monnet de Saint-Etienne) et RamDam, réseau national des musiques jeune public, s’associent pour proposer une école d’hiver dédiée aux récits du vivant sur la scène musicale jeune public.
A la croisée de la recherche scientifique, de la création artistique et de l’expertise culturelle, cette école d’hiver réunira chercheuses et chercheurs, artistes, étudiant.es et professionnel.les de l’enfance et de la culture pour mener une réflexion collective sur les héritages esthétiques, les représentations artistiques, les récits communs du vivant sur lesquels s’appuient – ou auxquels résistent – les productions musicales jeune public.
Soutenues par l’ANR-SFRI (Agence Nationale de la Recherche, Structuration de la Formation par la Recherche dans les Initiatives d’Excellence), ces journées seront composées d’un atelier pratique, de spectacles, de conférences, de témoignages d’artistes, de communications scientifiques et de temps de débats.
Programme :
Mercredi 11 décembre – Bâtiment Les Forges – Site Manufacture
« FAIRE SONNER LE VIVANT »
13h30 : accueil café
14h : mot d’accueil du comité d’organisation et du comité scientifique
CONFÉRENCE « FAIRE SONNER LE VIVANT »
14h30-15h30 : conférence et temps d’échanges (salle L020)
Pauline Ringeade (directrice artistique de la Compagnie L’imaginarium)
Pauline Ringeade présentera sa collaboration avec Marion Platevoet (dramaturge) et Géraldine Foucault-Voglimacci (créatrice sonore), dans le cadre de la fabrication du spectacle jeune public Pister les créatures fabuleuses, dont la poétique est principalement sonore. Elle s’appuiera notamment sur l’écoute d’une des séquences du spectacle.
15h45-17h15 : deux « Regards croisés » au choix (salle L025 et salle L020)
Les regards croisés associent un.e chercheur.se, un.e artiste et un.e modérateur.trice sous la forme d’un débat.
BIOACOUSTIQUE ET COMPOSITION MUSICALE
Comment l’étude des sons produits par le monde du vivant, peuvent inspirer la composition musicale en direction de l’enfance et la jeunesse ? La préservation des habitats sauvages a-t-elle un impact sur l’écoute active de la biodiversité sonore ? Cet atelier vise à questionner l’éveil des émotions et la curiosité des enfants pour les sons du vivant par le biais de la créativité musicale, tout en les sensibilisant à l’importance de la protection de l’environnement sonore.
Conversation avec Nicolas Mathevon (biologiste, spécialiste de bioacoustique, professeur à l’université de Saint-Étienne) et Simon Deslandes (musicien et responsable artistique de la compagnie “Ne dites pas non vous avez souri”).
Modération : Camille Soler (déléguée générale de RamDam).
« REPRÉSENTATIONS DE LA NATURE ET IMAGINAIRE »
Par quels procédés scéniques, techniques et instrumentaux les voix animales, les sons de la nature s’expriment-ils en scène ? Quels archétypes compositionnels sont activés, détournés ? Quelle nature est représentée ? Est-elle identifiée ou est-elle imaginée ? Comment faire entendre un monde partagé, ou, au contraire, en montrer les cassures ?
Conversation avec et Virginie Tasset (compositrice) et Theresa Schmitz-Lafortune (musicologue, coordinatrice de RESEO (réseau européen de sensibilisation à l’opéra, la musique et la danse, Bruxelles).
Modération : Viviane Waschbüsch
17h30-18h : restitution des regards croisés en plénière par Julie Oleksiak et Cécile Pichon-Bonin (salle L020)
SPECTACLE
18h30 : spectacle Lozen (Collectif ARFI) – Auditorium de l’ESADSE
Conte vidéographique et musical en territoire apache (dès 6 ans)
Lozen est une évasion musicale et vidéographique
en territoire amérindien sur un site naturel imaginaire.
Cette balade contée et nocturne nous raconte l’histoire de
la combattante apache chiricahua, Lozen, à laquelle on attribue,
en plus de sa témérité, des dons de chamane.
Avec : Ephia Gburek (récit, danse) ; Damien Grange (sampler, voix, harmonica) ;
Jérôme Lopez (vidéo en direct, traitements, percussions) ;
Serge Sana (bouzouki, clavier).
Costumes : Melissa Dagostino
Jeudi 12 décembre – Bâtiment Les Forges – Site Manufacture
« L’ENFANT ET LE VIVANT »
9h30 : accueil café
10h-11h30 : deux « Regards croisés » au choix (salle L025)
PROXIMITÉ, HYBRIDITÉ ET CONFUSION
Partant des créations contemporaines et, principalement, des arts vivants, il s’agit d’envisager au travers de cet échange ce qui, au sein même des représentations, allie les figures de l’animal et de l’enfant : des mondes qui se confondent et se confrontent. Ce qui est en jeu est d’abord la question du regard porté dans et par notre société sur des mondes singuliers, des places, des assignations, et ce qu’en dit, ce qu’en fait la création contemporaine.
Enfants et animaux sont souvent représentés comme appartenant à des mondes voisins et parfois communs. L’enfant serait souvent perçu comme plus proche de l’animal que l’adulte, son statut, ses désirs, ainsi que certains de ses comportements l’en rapprochant. Par ailleurs, comme l’animal, l’enfant « n’a pas la parole » : l’infans ne la maîtrise pas ou n’a pas le droit d’expression. Et, en retour, certains animaux peuvent avoir pour leur entourage un statut affectif voisin, voire identique à celui de l’enfant.
Les arts aujourd’hui revisitent des imaginaires croisés et parfois confondus de l’enfance et de l’« animalité », jouant sur cette double altérité. Cette confusion semble donner corps à une entité étrange, une chimère « viable ». Dans cet univers « animalenfant », comment cette proximité est-elle de nos jours réactivée par les créateurs engendrant des représentations d’un monde uni, et selon quel but, au service de quelle vision et de quel propos le font-ils ?
Conversation avec Vincent Lecomte (chercheur en esthétique et sciences de l’art) et Jérôme Lopez (collectif ARFI).
Modération : Anne Damon-Guillot (professeure d’ethnomusicologie à l’université de Saint-Etienne, co-directrice de l’Institut et de la Graduate + ARTS)
ENJEUX POÉTIQUES ET POLITIQUES
Conversation avec Maya Gratier (professeure de psychologie du développement, Université Paris Nanterre), Jean-Claude Oleksiak (musicien, compagnie “Les bruits de la lanterne”)
Modération : Talia Bachir-Loopuyt (professeure associée à la Haute Ecole de Musique de Genève).
11h45-12h15 : restitution des regards croisés en plénière par Zoé Schweitzer et Camille Soler
12h30-14h : buffet
CONFÉRENCE « POURQUOI LE SPECTACLE VIVANT NOUS REND-IL VIVANT ET AU VIVANT ? »
14h-15h : conférence et temps d’échanges (salle L020)
Jean-Philippe Pierron (professeur des universités en philosophie de la vie, de la médecine et du soin, Université de Bourgogne)
De quoi le vivant est-il le nom ? «Agir pour le vivant», «prendre soin du vivant» sont devenus des mots d’ordre dans ce temps de polycrise écologique. Mais cette catégorie de vivant, utilisée pour se démarquer d’un anthropocentrisme et raconter autrement les autres formes de vie que la vie humaine qu’en termes de non humains, d’autres qu’humains, questionne. Elle questionne d’autant plus lorsqu’elle est associée à l’enfance, non que l’enfant ne soit pas un petit animal et un petit d’humain, mais en ce que sa dimension de vivant et d’existant doit aussi faire l’objet d’attention. En effet prendre soin de l’enfantin, non confondu avec l’infantile, n’est ce pas prendre soin de la part sauvage du monde en nous en même temps qu’en dehors de nous ? N’est ce pas d’autant plus crucial que si nous parlons de vivant, c’est aussi parce que déferle une culture de mort, via la destructivité extractiviste et le nécrocapitalisme ? Dans ce cadre, si le spectacle vivant nous rend vivant et au vivant, il s’agit de se demander quels liens la transition écologique et sociale entretient à la fois avec l’extinction des espèces vivantes mais aussi avec l’extinction de nos sensibilités. Quel art de faire résonner ensemble nos interdépendances, quelle syntonie possible, en ces temps d’atrophie de l’expérience ? Du paysage visuel au paysage sonore, dans l’épreuve d’une «mersion», quelles partitions la musique peut-elle jouer pour nous faire sortir de la grande Partition, Séparation entre humains/non humain ?
COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES
15h15-16h45 : communications scientifiques (salle L020)
Camille Roelens (maître de conférences HDR en sciences de l’éducation)
« Pitt Ocha est vivant – analyse philosophique du personnage de Pitt Ocha, fil rouge du groupe Les Ogres de Barback »
Cette communication scientifique sera conduite d’un point de vue philosophique. Plus spécifiquement (Roelens, 2019, 2022), elle procédera d’une part d’une philosophie de la culture et des expériences informelles de formation de soi dans les sociétés démocratiques contemporaines, et d’autre part d’une approche herméneutique (Ricoeur, 1969/2013, 1986) d’objets culturels telles que les chansons. À ce titre, nous emprunterons également à l’approche cantologique telle que développée par Stéphane Hirschi (2008, 2016). Le corpus sera composé des quatre albums – alliant contes musicaux et collaborations avec de très nombreuses actrices et nombreux acteurs de la scènes francophones de chansons dites «à texte» – du groupe Les Ogres de Barback, ayant pour fil rouge le personnage de Pitt Ocha. Au sein de ce corpus, nous identifierons plus spécifiquement certains titres mettant davantage en scène, en vers et en notes le vivant, tant animal que végétal, pour en proposer une analyse plus poussée. En particulier, nous essayerons de les situer dans la typologie des conceptions de la nature et des éthiques afférentes proposées par Gérald Hess (2013). Nous discuterons des représentations que ces oeuvres peuvent contribuer en la matière à construire chez les enfants.
Catherine Ailloud-Nicolas (Maître de conférences, agrégée de Lettres Modernes, membre de l’UMR LIRE)
« L’opéra Le Sang du glacier ou comment trouver une fin théâtrale à un désastre écologique »
Alors que toute oeuvre théâtrale et opératique pour les enfants et les adolescents se pose la question de sa responsabilité et tente de maintenir un espoir dans un avenir meilleur, comment terminer une pièce qui envisage un effet du réchauffement climatique ? Catherine Ailloud-Nicolas rendra compte de cette réflexion par une analyse du livret et de la mise en scène de l’opéra Le Sang du glacier créé en décembre 2024 à l’Opéra de Lyon.
16h45-17h : pause café
WORKSHOP
17h-18h30 : workshop (jauge limitée à 20 personnes – salle L025)
avec Benoit Sicat (plasticien, metteur en scène, interprète) autour du projet Pluie
Coutumier des formes immersives et participatives, Benoît Sicat crée à nouveau pour la petite enfance où les interactions auront la part belle. L’improvisation est également au coeur de ses recherches et fait partie du quotidien des enfants dans leurs inventions permanentes et leur art du détournement.
C’est autour de l’eau de pluie et de sa musicalité que repose cette création prévue au printemps 2025. Le travail est donc en cours, avec des résidences en crèches où Benoît Sicat propose 3 axes de travail : l’écoute théâtrale et musicale (capter les enfants avec des sonorités inédites, créer la surprise avec des « rituels »), les percussions vocales et corporelles (claquements de mains, de langue, vocalisations percussives…) et des interactions avec un goutte-à-goutte (et des tambourins, des récipients métalliques, des pierres orageuses, des baguettes de bambou…).
Nous pourrons explorer ensemble ces rituels sonores et musicaux autour de la scénographie du spectacle, enregistrer les différentes ambiances pluvieuses, poursuivre une exploration bruitiste, rythmique, mélodique, et surtout ludique.
CONFÉRENCE DÉRAPANTE
20h : conférence dérapante Naître animal, être humain de la Cie du Singe Debout
Maison de l’Université – Campus Tréfilerie
La Cie du Singe Debout explore la relation de l’humain à l’animal et au vivant, la métamorphose et l’hybridation dans des spectacles pluridisciplinaires, des performances zoomorphiques et des conférences dérapantes mêlant arts et sciences.
Jade Duviquet est metteuse enscène et comédienne ;
Cyril Casmèze est comédien et performeur zoomorphe.
Ils partagent leurs univers de cirque et de théâtre.
Dans une recherche artistique et de transmission ; ils entraînent
d’autres artistes, des scientifiques et philosophes dans leurs différentes
formes scéniques au théâtre mais aussi au musée, dans des centres
d’arts contemporains et des lieux plus atypiques (urbains et forestiers).
En compagnie de chercheurs (scientifiques, philosophes, historiens),
ils mêlent sciences et théâtre performatif dans des conférences dérapantes pour repenser les relations à l’animalité et au vivant.
Une « conférence dérapante », c’est faire déraper le modèle
traditionnel de la conférence pour décloisonner les savoirs et rendre sensible les questionnements liés au vivant en suscitant émotion, plaisir, et compréhension plutôt que culpabilité. Une façon d’alerter à travers l’art vivant.
Lorsque nous nous comparons aux animaux, nous mettons en avant nos particularités humaines, notre intelligence, notre posture, notre langage complexe… tout ce que nous estimons constituer « le propre de l’homme ». Nous sommes pourtant comme tous les êtres vivants : le résultat d’une longue évolution. Leur anatomie et leur comportement nous révèlent combien nous sommes proches les uns des autres.
Quelles traces conservons-nous de notre passé animal ? Que nous apprennent-elles sur notre histoire ou sur notre comportement ? Qu’est-ce qui nous différencie réellement des autres animaux ? Allons-nous continuer à évoluer ? À bien observer les animaux, incarnés ici par la Compagnie du Singe Debout, nos croyances sur la singularité de la nature humaine volent en éclat…
Une conférence de Jean-Baptiste de Panafieu perturbée par Jade Duviquet et Cyril Casmèze.
Vendredi 13 décembre – Bâtiment Les Forges – Site Manufacture
« L’ÉCO-CONCEPTION DE L’ACTIVITÉ MUSICALE JEUNE PUBLIC »
9h : accueil café
CONFÉRENCE « L’ÉCO-CONCEPTION DE L’ACTIVITÉ MUSICALE JEUNE PUBLIC »
9h30-10h30 : conférence et temps d’échanges (salle L020)
En attente
10h45-12h15 : deux « Regards croisés » au choix :
SPECTACLE VIVANT, ESPACE PUBLIC ET CRÉATIONS IN SITU
Comment les propositions musicales jeune public peuvent-elles se déployer dans l’espace public et naturel ? Quelles expériences sensibles amènent-elles ? Exploration des différentes formes de créations artistiques engageant le jeune public dans un lien aux espaces.
Conversation avec Rodolphe Olcèse (maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’université Jean Monnet) et Laure Le Goff (directrice du festival Un, neuf, trois, soleil)
Modération : Camille Soler (déléguée générale de RamDam)
LA DÉMARCHE DU BILAN CARBONE EN QUESTION (salle L020)
À partir des analyses et démarches de décarbonation de la culture, nous questionerons les moyens individuels et collectifs de réduire l’impact environnemental des professionnel.les de la filière musicale jeune public.
Conversation avec Chloé Paillotin (administratrice de L’Armada productions).
Modération : Anaïs Delphin (chargée de production pour RamDam)
12h30-13h : restitution des ateliers en plénière par Lénaïc Parisot et Anne Damon-Guillot