Du 15 janvier 2024 au 14 février 2024
Vitrine EST du Bâtiment des forges, 11 rue du Docteur Annino 42000 Saint-Étienne
Lauréate du concours En vitrine !
Stéphanie Jeanty est étudiante en 3ème année de Licence Arts plastiques à l’Université Jean Monnet.
Note d’intention projet « Tras »
« Ma pratique s’articule autour des photographies, des images fragmentées, composées d’autres images pour construire de la narration. Elle est inspirée de récits personnels mêlant fiction et documentaire, accompagnée de mots, de textes qui, sporadiquement, facilitent ou complexifient l’interprétation du spectateur.
La vidéo Tras, en français « Trace » est constituée de multiples dispositifs. Dans un premier temps, j’ai utilisé une photographie que j’avais prise à Cap-Rouge, dans le village natal de mes parents au Sud Est d’Haïti. Pendant que mon grand-père buvait son café dans la cuisine, j’ai capturé l’immatérialité de la matière. La représentation de la chambre avec tous les objets visibles et invisibles. L’autre série de photographies, c’est ici, à Saint-Etienne, lors du printemps 2022. D’où la présence de la végétation et de cette lumière singulière. La chambre que l’on découvre dans la production est le vestige d’une génération entière, des centaines d’années… Elle ressemble toutefois à celle de tout individu.
La vidéo a été donc faite seulement à partir de photos en noir et blanc. Chaque cliché a sa sensibilité singulière qui constitue la trame immatérielle du vestige. Mon intention, à travers cette vidéo, est de donner à voir ou même à penser que l’on peut dialoguer, rentrer en conjugaison avec des lieux comportant des blessures profondes en utilisant le corps comme matériau. Mettre des mots sur ce qui reste pour ne pas perdre ce que l’on a pas eu la chance d’avoir.
A travers la vitrine du bâtiment des Forges, le spectateur est invité à prendre part à une imagerie qui semble difficile à décrypter. L’espace de présentation de la vitrine m’intéresse particulièrement car il est intérieur et extérieur. Je la considère aussi comme un dispositif éphémère et cela correspond parfaitement à la manière dont je souhaite montrer ce travail. La connexion entre l’image et le lieu est donc fluide. Les passants traversent les lieux, tournent le regard, dans un sens ou l’autre, restent debout, s’approchent pendant un instant de la vitrine à la rencontre de l’image. La composition transforme la lecture qui en est faite, l’image est brouillée, ainsi tout est remis en question. Et le spectateur emporte donc avec lui la Trace de la vidéo et de tous ses mystères….
Note d’intention projet « Freda »
« Dans mon travail, je m’intéresse à divers médiums comme la photographie, la vidéo, la peinture et la performance. Ces pratiques artistiques me permettent d’aborder des thématiques qui deviennent récurrentes dans ma démarche, tels que la mémoire, le corps et l’autofiction. Je nourris mon travail de souvenirs, de traumatismes d’enfance qui deviennent au fur et à mesure une source d’inspiration pour mes créations. Pour explorer ma patte artistique, je prends comme point de départ mon propre corps et ma propre histoire. J’ai toujours été attirée par les images, les personnages et les archives – raconter des histoires pour tenter de comprendre le monde dans lequel je vis. Freda parle de matière, de couleur et de motifs – une matière visant à semer le trouble en jouant sur la complexité et la véracité d’un personnage mythique et sa relation à l’individu. Freda est une déesse du vaudou. Le vaudou étant une religion englobant un vaste champ de pratiques, de rituels et de croyances qui aspire ses pratiquants à une autre dimension de la spiritualité.
Je voudrais tout d’abord parler de l’imaginaire de cette divinité qui reste ad vitam æternam le symbolisme de la féminité. Freda est une femme, belle, gracieuse, sensuelle qui aime les bijoux, la luxure et les parfums. Elle s’habille habituellement en satin rose et réclame souvent des miroirs et du parfum.
Elle a traversé des frontières, des cultures et des décennies pour allier son imaginaire à celui des hommes. Cette divinité énigmatique ni vue, ni connue, est pourtant bien connue du plus grand nombre, reste à savoir comment…
Aborder ces peintures par l’intermédiaire de cette figure irréelle s’est révélé à partir de nombreuses interrogations que je me posais sur sa représentation dans l’imaginaire collectif haïtien, notamment comme figure féminine. L’idée était de renverser le vase, de penser ce personnage dans une temporalité qui est similaire à la nôtre et d’imaginer son vécu… »
Vernissage le lundi 15 janvier 2024 à 12h15.
Entrée libre et gratuite.