En trans

En trans

Présentation du P.A.R.C. « En trans- »

Le préfixe trans- portera une année de recherche création (2022-2023), son origine latine donne le sens de passer d’ici à là, passer à travers, passer outre, être au-delà. Nous proposerons donc aux étudiant.es inscrit.es dans ce projet annuel de prendre des chemins de traverse, non pas pour couper à travers bois mais pour être au « travers », être travaillé.e par la traversée…comme peut l’être Saint Sébastien traversé d’une multitude de flèches, transpercé de part en part… Il ne s’agit donc plus d’occuper un territoire localisé mais de se concentrer sur le lieu que l’on occupe : notre propre corps. Car d’après Michel Foucault, le corps peut apparaître comme « le lieu absolu », il utilise également les termes de « topie impitoyable » en insistant sur le fait que nous ne pouvons pas échapper à cette condition physique et localisable. Mais serait-il possible d’envisager des échappées, de tenter d’aller au-delà des limites de nos enveloppes peau, passer outre nos conditions physiques pour tendre vers d’autres formes ? 
Ces traversées seront explorées de multiples manières car on peut envisager dans ce préfixe à la fois la transition, la transe, la transformation, la transsubstantiation, c’est-à-dire autant de mise en tension dans notre perception, dans notre corps, dans notre imaginaire. Ces expérimentations seront amorcées en 2022 par deux ateliers chorégraphiques animés par Caroline Boillet et Ephia Gburek, à travers la danse contact, le body weather et la conscience corporelle. En écho à ces ateliers de pratique somatique, nous invitons l’anthropologue Jérémy Damian (Université Grenoble Alpes - laboratoire Pacte) à présenter ses réflexions autour des transformations sensorielles, corporelles et sensibles de manière à approfondir ce travail d’atelier et nous présenter les enjeux des pratiques de l’attention.

Durant ce P.A.R.C., nous verrons également que le préfixe « trans » peut évoquer la transition de genre, la traversée que certain.e.s ont pu explorer comme Paul B. Preciado qui propose de vivre ainsi à la frontière (Je suis un monstre qui vous parle, 2020)  d’être celui qui est traversé et celui qui traverse, d’être constitué par la frontière. Un atelier avec le chorégraphe Pau Simon est envisagé pour travailler des corps prothétiques à la manière des ateliers TRANIMAL de Squeaky Blonde et Austin Young. Cet atelier sera accueilli en juin par la Comédie et le travail du chorégraphe sera présenté par la théoricienne et critique Smaranda Olcèse.
Dans la même logique interdisciplinaire, nous inviterons également l’artiste plasticienne Cindy Coutant afin qu’elle nous présente son film Nina et les robots (2020) lors d’une conférence suivie d’une rencontre avec nos étudiant.es.
Aussi, il est prévu d’étudier les résonances de ce préfixe « trans- » avec la transe chamanique et voir comment des modifications de la perception permettent d’ouvrir l’espace d’un état augmenté. Il s’agira donc d’observer et de donner formes à ces états d'exaltation qui transportent vers un ailleurs, un hors champs, un hors corps. Une sélection de films expérimentaux travaillant sur l'altération du sensible sera proposée par Jacopo Rasmi et Rodolphe Olcèse en lien avec le cinéaste et programmateur Olivier Dutel (Gran Lux - Saint Etienne).

Les étapes

octobre 2022 à la Comète : atelier chorégraphique de Caroline Boillet : projet Vision, traverser les images et les genres par la danse

décembre 2022 à l'ESADSE : atelier chorégraphique d'Ephia Gburek : transsubstantiation, un acte de métamorphose

mars/avril 2023 à la Comédie : atelier chorégraphique de Pau Simon

avril  2023 : sélection de films de ciné-club Murmures

juin 2023 aux Limbes : restitution du travail