ipɛʁkɔlɔn (Hypercolonne) kit de démarrage fictionnel géobiologique pour terrain à réparer

ipɛʁkɔlɔn (Hypercolonne) kit de démarrage fictionnel géobiologique pour terrain à réparer

Les enjeux de la démarche 


Après plusieurs années à observer la ZAC du Pont de l’Âne à Saint-Étienne, territoire urbain dit "entrée de ville”, avec une approche photographie documentaire critique, et face au constat de dysphorie du terrain, nous orientons aujourd’hui notre travail vers la fiction par l’image, par le récit, par la forme avec comme hypothèse que la narration spéculative porte
en elle une puissance d’agir sur ces territoires anthropisés.
Entre octobre 2021 et avril 2022, se sont tenus le programme pédagogique « Parcours Santé » et l’exposition Faire Steel #3 (cf annexe photographique) soutenus financièrement par le fonds A.R.T.S., avec pour vocation de stimuler la porosité entre des pratiques de recherche, artistiques et scientifiques par la mise en relation d’étudiants en master de
disciplines du champ de l’art et des sciences sociales travaillant la question de la représentation des espaces urbains périphériques en leur offrant l’expérience de l’observation sensible d’un territoire.
À travers ces différentes étapes de recherche, s’est peu à peu révélé la nécessité de penser par la fiction nos manières d’habiter les espaces et s’autoriser la spéculation
enrichie de la potentielle ubiquité numérique.
Interroger les représentations et la construction des imaginaires urbains en tentant d’évaluer l’influence toujours plus puissante des vocabulaires techno-visuels de la 3D dans les politiques d’aménagement urbain est devenu indispensable. L’imagerie 3D devenue hégémonique et produisant une uniformité « dubaïsante » est aussi un médium dont les artistes usent pour questionner notre présence au monde, et anticiper nos villes à venir.
L’état des lieux du vivant en zone urbaine, les bouleversements écologiques en cours et l’urgence dans laquelle nous nous trouvons constituent des paramètres essentiels de notre réflexion. Faire Steel #3 avait posé les jalons d’une préoccupation de soin des sols de la
parcelle ZA du Pont de l’Âne, terrain présentant de nombreux symptômes valétudinaires.
Dans une perspective de géo-acupuncture, nous avions réalisé une étape de défrichage visuel, pour faire place à la transformation inévitable de ce périmètre dans des conditions assainies énergétiquement, et où, dans les années futures, une Hypercolonne serait érigée, telle une aiguille d’acupuncture de 14 km de haut, permettant d’engager un rééquilibrage
indispensable. Aujourd’hui, il devient possible d’installer une seconde aiguille à Sao Paulo et de réfléchir à une triangulation cosmo-tellurique avec la volonté de participer à la globalisation d’un remède potentiel pour le vivant.
Sous-jacente à ces 2 postulats, la question de la présence du vivant autre qu’humain dans nos systèmes urbains sera abordée. Domestiqués ou non, les eaux, les végétaux, les animaux, les minéraux appartiennent à cette réalité parfois invisible que nous avons entrepris d’observer par la photographie dans leur relation aux humains. En tant qu’entités
vivantes, elles seront invitées à tenir quelques-uns des premiers rôles dans les récits qui naîtront de cette collaboration.
Cette amorce fictionnelle permettra d’envisager des développements et des formes plurielles, où chaque partenaire sera invité à spéculer depuis sa discipline (arts visuels, design, architecture, urbanisme, littérature, paysagisme, sociologie, technologie) et les enjeux communs ou singuliers de son territoire. Les tensions entre futurs désirables ou tragiques seront soulevées. Une approche critique des outils nous menant vers une
standardisation des schémas urbains sera privilégiée, avec une curiosité assumée des partenaires quant à l’hybridation culturelle que ce programme pourra produire.

Publié le 1 octobre 2021