La recherche de l’UJM s’expose à la Biennale !

Sommaire

La Biennale Internationale Design de Saint-Etienne 2022

Organisée par la Cité du design, la XIIe Biennale Internationale Design de Saint-Étienne aura lieu du 6 avril au 31 juillet 2022 sur le thème des Bifurcations. Ce thème est né d’une intuition à propos d’un désir répandu fortement chez les designers de « changer de société », de « réorienter le futur ».

La crise historique, sans précédent, du COVID-19 a précipité cette prise de conscience collective : le 17 mars 2020, la France a bifurqué radicalement, et en temps record, le déroulé de nos vies a changé, expérimentant à notre tour le ralentissement généralisé. L’expérience du confinement vécue mondialement, en même temps, est devenue exceptionnelle et bouleversante.

À partir de cette épreuve, penser les bifurcations dans le cadre de la XIIe Biennale Internationale Design de Saint-Étienne 2022 devient non plus un simple exercice mais un enjeu qui mobilise toute la profession des designers et de ses alliés, pour ouvrir un débat culturel essentiel au cœur de notre société techno-industrielle.

La recherche de l’Université s’expose à la Biennale

A travers son initiative Arts, Recherche, Territoires, Savoirs (ARTS) et ses partenaires, l’Université Jean Monnet a souhaité s’engager activement dans cet évènement mobilisateur pour le territoire stéphanois, en élaborant une proposition culturelle ambitieuse incarnant ses missions :

  • Explorations Arts/Sciences : des recherches en partage : une exposition accompagnée d’un cycle de projection de films expérimentaux, du 8 au 17 avril 2022 au Bâtiment des forges, dont le commissariat est assuré par Gwenaëlle Bertrand et Rodolphe Olcèse, maîtres de conférences au département d’Arts plastiques, membres du laboratoire Eclla.
  • Sub-limis : l’héritage minier « rechargé » pour faire paysage autrement : une exposition présentée du 6 avril au 31 juillet 2022 au Parc-Musée de la Mine, dont le commissariat est assuré par Nathalie Siewierski (Parc-Musée de la Mine) et Georges-Henry Laffont (ENSASE / EVS).
  • Faire steel #3 : une exposition proposée du 8 avril au 21 mai 2022 à l’Antenne de l’ESADSE (Arcades de l’Hôtel de Ville) par Juliette Fontaine (ESAD / IRD) avec les Masters Altervilles et Enquêtes sociologiques.
  • Montages sauvages, paysans arriérés : une exposition proposée par Delphine Hyvrier, doctorante UJM/ESADSE, lauréate de la Bourse Arts x Sciences 2020 de la Fondation de l’Université Jean Monnet, du 13 avril au 24 juin 2022, au TEM-Press à Saint-Étienne.
  • Habiter les marges, habiter la cité : un événement scientifique organisé par Pascale Pichon (UJM / Centre Max Weber) à la Cinémathèque, les 3 & 4 mai 2022.
  • Responsabilité sociale et bouleversements écologiques : une journée d’étude interdisciplinaire en lettres, arts et arts appliqués, jeune recherche et jeune création, organisée le 1er juin 2022, par Marie Bouchereau, Delphine Hyvrier et Jonathan Tichit avec l’association alt.516, avec le soutien du Deep Design Lab, dans le cadre de l’exposition À l’intérieur de la production dont le commissariat est assuré par Ernesto Oroza dabs le cadre de la Biennale Internationale du Design 2022, Saint-Étienne.
  • En forêt  : une exposition à la salle des Cimaises, du 3 au 8 juin 2022, proposée à l’issue d’un workshop  organisé par Céline Cadaureille, Carole Nosella, Rodolphe Olcèse, Jacopo Rasmi du laboratoire Eclla, Xavier Wrona de l’ENSASE et Oscar Barnay, doctorant (Eclla / ENSASE).
  • Reconstitution numérique d’un paysage englouti, un retour avant la bifurcation : un film documentaire proposé par Michel Depeyre et Pierre-Olivier Mazagol du laboratoire EVS, avec le soutien de la MSH Lyon-Saint-Étienne, présenté au Bâtiment des forges/Centre des Savoirs pour l’innovation puis au Château d’Essalois, et projeté lors d’une rencontre prévue le jeudi 9 juin 2022 à 14h30 à la Cinémathèque de Saint-Étienne.
  • Sound and Music Computing 2022 : un événement multiforme autour de l’acoustique, la musique et des technologies audio qui aura lieu à Saint-Étienne du 4 au 12 juin 2022 et aura pour thème : Musique, Technologie et Design. SMC-22 combine à la fois une académie d’été (4-7 juin), deux conférences scientifiques (SMC du 8 au 11 juin et l’International Faust Conference du 7 au 8 juin), un festival (8-11 juin) et des activités de médiation (9-12 juin).

Pour aller plus loin :

Programme complet de la Biennale Internationale de Design de Saint-Etienne 2022.

Explorations Arts/Sciences : des recherches en partage

Issues des arts plastiques, de l’art numérique et de l’art vidéo, les œuvres proposées se rassemblent autour de la thématique des interactions entre arts, sciences et technologies. Certaines pièces sont présentées sous leurs formes abouties, d’autres permettent de décortiquer les méthodologies de recherche-création en expérimentant les modalités du travail en train de se faire. La programmation a aussi été conçue pour refléter les interactions et bifurcations possibles entre arts et sciences du lieu-même qui accueille les œuvres, le Centre des savoirs pour l’innovation/Bâtiment des forges. L’exposition fait dialoguer des travaux d’artistes professionnels, des œuvres de jeunes diplômés et l’Université Jean Monnet et les productions de deux ateliers menés avec des étudiants (2020 et 2022).

La programmation associe cette exposition et un cycle de projection de films qui relèvent du documentaire, de la fiction et du cinéma expérimental.

Commissariat : Gwenaëlle Bertrand et Rodolphe Olcèse

Eye see you

Marion Caccia,  Enzo Chausse, Vincent Comte, Alice Lotodé, Loris Pechillon, Mathilde Romand, Roxana Soos, Dylan Vadot.

A l’heure de la survisualisation et sursignification, le regard est en passe de devenir la future mine d’or des marketeurs. Nos visages et notre regard n’ont jamais autant été exploités. Eye see you cherche à dévoiler ces techniques d’ « eye-tracking » – études du regard et des comportements oculaires – qui manipulent et qui font bifurquer notre attention, au profit de la surconsommation. Eye see you épie le regard et le montre grâce à un dispositif de captation du visage. Le visiteur est amené à interagir avec un paysage graphique qui se transforme : des éléments s’amplifient, se saturent et finissent par manger l’espace virtuel.

WIKIPEDIA, category : X, degree Y

Alex Alaniesse, Emile Barbier–Renard, Soufiane Benbah, Aleksander Gautier,  Marie Gresset, Pierre Jaingueneau, Abdel-Rahim Mezidi, Marie-Amélie Paquin.

Ce projet, proposant de réfléchir stricto sensu à la bifurcation, interroge nos parcours sur internet. Comment révéler ces chemins que nous empruntons au gré des suggestions faites par des algorithmes ? L’installation donne à voir ces sérendipités par l’association de couleurs aux données d’un programme qui déambule de son propre chef sur Wikipédia. Quelle meilleure interface pour se perdre qu’une encyclopédie – réunissant par définition l’ensemble des savoirs humains ? Un paysage de pixels colorés se dessine d’article en article, donnant à voir une version abstraite et décontextualisée des données et se positionnant à l’inverse de la tendance générale qui vise à analyser et faire fructifier la DATA. D’une apparente radicalité, l’œuvre s’offre simplement au regard du spectateur.

Contact : projet-arts @ univ-st-etienne.fr

Informations pratiques

Adresse : Bâtiment des Forges, 11 rue du Docteur Annino à Saint-Etienne

Horaires : ouvert du mardi au dimanche (fermé le lundi), de 11h à 18h.

Rencontre avec les artistes : le vendredi 8 avril, à 14 heures.

Vernissage : le vendredi 8 avril, à 17 heures.

Gratuit et ouvert à tout public, sur présentation du passe vaccinal.

Cycle de projections

Pour accompagner l’exposition Explorations Arts/Sciences : des recherches en partage, nous organisons une série de projections.

La bifurcation y sera interrogée à la fois du point de vue formel et narratif. Les films proposés mettent en place des dispositifs optiques (Orientations et Dénouement d’Ismaïl Bahri) ou techniques (Ettrick de Jacques Perconte) permettant de faire surgir des changements de trajectoires dans le processus filmique lui-même. Les fictions et documentaires proposés cherchent quant à eux à mettre en scène des situations imprévues qui, si elles peuvent sembler ne pas modifier le mouvement dans lequel est engagé le film, en transforment radicalement le visage et l’atmosphère (La Diagonale du vide de Guillaume Ballandras).

Les séances gratuites auront lieu dans le grand amphithéâtre du Bâtiment des forges. Elles seront suivies d’une rencontre-débat avec le(s) cinéaste(s) programmé(s).

Programmation :

Contact : Rodolphe Olcèse

Pour aller plus loin :

Programme complet de la Biennale internationale de design de Saint-Etienne 2022.

Reconstitution numérique d’un paysage englouti : un retour avant la bifurcation

La mise en eau, en 1957, du barrage de Grangent marque une triple bifurcation :

  • Celle dans la politique énergétique de l’état, au sortir de la seconde guerre mondiale, dans le contexte de la reconstruction de la France, avec un besoin croissant en électricité ;
  • Celle dans la trajectoire d’un territoire dont l’activité socio-économique qui est bouleversée ;
  • Celle dans une supposée stabilité d’un paysage qui se retrouve pourtant transfiguré.

D’une certaine façon, ce barrage (à l’instar de tous ceux construits partout dans le monde) est un des symboles pour le territoire (avec d’autres comme les crassiers) de son basculement (sa bifurcation) dans (vers) l’anthropocène : le plan d’eau modifie drastiquement le relief et les boues, en sédimentant, créent doucement une nouvelle strate, probablement polluée.

Engloutissement, pollution, la section des Gorges de la Loire impactée n’est autre qu’un site sacrifié sur l’autel de la modernité : site sacrifié par la modernité (nouveau moyen de production de masse) pour la modernité (alimentation en électricité de nouvelles pratiques industrielles et domestiques).

Michel Depeyre et Pierre-Olivier Mazagol, du laboratoire EVS UMR 5600 de l’Université Jean Monnet – Saint-Étienne, ont créé, dans le cadre d’un projet financé par le Labex IMU, une reconstruction numérique 3D du paysage des Gorges de la Loire et de son patrimoine industriel tel que disparu en 1955 alors même que l’ouvrage était en construction, qui peut être perçue comme un instantané acquis au moment même de ces bifurcations. Il ne s’agit pas là d’un instantané statique mais, au contraire, très dynamique, que l’on peut parcourir, interroger, grâce au stockage des informations dans la base de données géographiques associée, support de leur archivage à l’échelle du territoire impacté par l’ennoiement.

Cette reconstitution 3D permet donc de (re)découvrir le territoire tel qu’il n’existe plus et, malgré son aspect dynamique, de le figer. Elle se propose comme un antidote paradoxal, car illusoire mais efficace, à ces bifurcations pensées et choisies par les décideurs, mais subies, puis acceptées, par les habitants et les usagers des lieux (ouvriers, clients, baigneurs, jouteurs…).

Or ceci est important pour le territoire/paysage disparu. En effet si, après plus de 60 ans, il suscite l’acceptation par les nouveaux usagers des lieux que sont les baigneurs (toujours), plaisanciers, promeneurs à la recherche de points de vue remarquables sur le lac… il n’en suscite pas moins une certaine nostalgie comme le montrent les nombreuses visites du site lorsque les variations du niveau de l’eau ramènent le passé à la surface.

Et, la réalité augmentée et la réalité virtuelle immersive ne pourront que décupler cette possible fonction substitutive de la modélisation 3D à la réalité disparue. Ces nouvelles technologies de visualisation et de virtualisation, ne permettent-elles pas elles même, dans un sens, un nouveau type de bifurcation ?

La valorisation de ce travail scientifique comprendra deux volets :

Pour aller plus loin :

Programme complet de la Biennale internationale de design de Saint-Etienne 2022

Habiter les marges, habiter la cité

Événement scientifique piloté par Pascale Pichon, sociologue à l’Université Jean Monnet (Centre Max Weber CNRS, Saint-Etienne), en partenariat avec la Cinémathèque de Saint-Etienne, le réseau « Aux frontières du sans-abrisme ». 

Objectifs principaux :

  • Explorer la thématique des bifurcations de l’habitat à ses marges en s’intéressant plus spécifiquement aux types d’habitats transitoires, temporaires, précaires, regroupés ici sous les termes « d’habitat passager » et prendre en compte l’une des conditions de l’hospitalité urbaine. La notion de « bifurcation » est entendue ici au sens anthropologique des jalons historiques de l’habiter humain : nomadisme/sédentarité, campement/maison, village/ville, immigration/migration… ;
  • Considérer et mieux appréhender les modes d’habitat passager que sont le camp, le campement ou le baraquement, le bidonville, la favela, le camping … Ces modes d’habitat passager, datés historiquement eu égard aux contextes politiques et géopolitiques, sont paradoxalement, dans de nombreux cas, stables à l’échelle d’une vie ;
  • Explorer les problèmes publics qu’ils recouvrent au niveau de l’hospitalité urbaine, les solutions qu’ils donnent à voir et les visées prospectives qu’ils enseignent et ainsi considérer la dimension proprement humaine de l’habiter dans ces architectures de la précarité;
  • Présenter les premières conclusions d’une enquête socio-historique au niveau local : celle du camping Chantegrillet à Saint-Étienne depuis son origine au milieu du XXe siècle jusqu’à sa fermeture, puis la métamorphose du site en campement d’urgence.

Pour aller plus loin :

Programme détaillé de la manifestation prévue les 3 et 4 mai 2022.

Sub-limis : l’héritage minier « rechargé » pour faire paysage autrement

Exposition au Parc-Musée de la Mine dans le cadre de la Biennale Internationale Design 2022.
Commissariat : Nathalie Siewierski (Parc-Musée de la Mine) et Georges-Henry Laffont (EVS-ENSASE).

Saint-Étienne a puisé dans son sous-sol les ressources (houille, minerais, eau) qui lui ont donné une prospérité économique. Aujourd’hui, dans ce territoire post-minier, l’enjeu est d’accompagner son renouveau en l’inscrivant dans les transitions écologiques, économiques, sociétales, culturelles de l’Anthropocène. Dans ce contexte, la gestion des restes, traces, empreintes de la mine, témoins d’une économie productive et d’une société industrielle plus que questionnées quant à leur soutenabilité, a longtemps oscillé entre deux tentations : l’effacement ou la transformation ; l’invisibilisation ou la muséification. Or, aujourd’hui, la société post-carbone appelle à d’autres soins du territoire, notamment une attention à tout ce qui, dans et par l’héritage matériel et immatériel minier, fait lien entre les membres d’une société localisée, entre eux et l’environnement dans toutes ses dimensions et composantes, entre société locale et monde dans sa diversité. Avoir soin et entretenir pour faire milieu appelle à recharger l’héritage minier de nouveaux sens et usages, de nouvelles valeurs et relations. 

Dans le dialogue avec la patrimonialisation portée à Couriot/Musée de la Mine depuis 30 ans, il s’agit de susciter des questionnements et des rencontres par une exploration des manières dont s’incarnent, sur le territoire post-minier de Saint-Étienne, les problématiques, les enjeux et les « tremblements du monde ».

L’exposition est organisée autour de trois thèmes :

  • les rapports au vivant (animal, végétal ou « en nous ») ; 
  • le double imaginaire de l’affirmation des limites (humaines, planétaires, specistes) et de leurs transgressions par la technique ; 
  • l’habitabilité du monde.

Entre la chute de l’Homme annoncée par l’Anthropocène et une possible ascension qui reste encore à réaliser, cette exposition se veut un moment en suspension nouant des dialogues entre « usages » et « symbolique » où l’héritage minier devient le terreau idéal pour fonder de nouveaux imaginaires et de nouvelles valeurs individuelles et communautaires. Interpelant la modernité à sa manière et par conséquent la société industrielle, cette exposition invite non seulement à reconnaitre certaines conséquences du projet moderne mais à reprendre les principes idéologiques qui l’ont fondé, à en déconstruire les présupposées anthropologiques, ontologiques, épistémologiques et politiques. 

Ainsi pensé et vécu non plus uniquement et principalement comme mémoire mais comme expérience, l’héritage minier nous permettra de « suivre les fils emmêlés de tout ce qui fait le tissu compliqué du monde, les trames qui attachent les uns aux autres, non seulement les humains, la terre, les autres espèces, les éléments biologiques, mais aussi les artefacts, les technologies et les objets mêlés, et encore les langues, les esprits, les fantômes, bref, tout ce qui, humain et non-humain, ‘habite’ ce monde » pour reprendre les propos de Florence Cayemaex dans son ouvrage « Habiter le trouble avec Dona Haraway ».

Équipe : Georges-Henry Laffont (EVS-ENSASE), Oscar Barney (ECLLA, ENSASE) et Guillaume Benier  (ENSASE), Paul Roth (ENSASE) et les étudiant.e.s de seconde année de licence de l’ENSASE.

Pour aller plus loin :

Programme complet de la Biennale Internationale Design 2022