Sub-limis

Sub-limis : l’héritage minier « rechargé » pour faire paysage autrement

Exposition au Parc-Musée de la Mine dans le cadre de la Biennale Internationale Design 2022.
Commissariat : Nathalie Siewierski (Parc-Musée de la Mine) et Georges-Henry Laffont (EVS-ENSASE).

Saint-Étienne a puisé dans son sous-sol les ressources (houille, minerais, eau) qui lui ont donné une prospérité économique. Aujourd’hui, dans ce territoire post-minier, l’enjeu est d’accompagner son renouveau en l’inscrivant dans les transitions écologiques, économiques, sociétales, culturelles de l’Anthropocène. Dans ce contexte, la gestion des restes, traces, empreintes de la mine, témoins d’une économie productive et d’une société industrielle plus que questionnées quant à leur soutenabilité, a longtemps oscillé entre deux tentations : l’effacement ou la transformation ; l’invisibilisation ou la muséification. Or, aujourd’hui, la société post-carbone appelle à d’autres soins du territoire, notamment une attention à tout ce qui, dans et par l’héritage matériel et immatériel minier, fait lien entre les membres d’une société localisée, entre eux et l’environnement dans toutes ses dimensions et composantes, entre société locale et monde dans sa diversité. Avoir soin et entretenir pour faire milieu appelle à recharger l’héritage minier de nouveaux sens et usages, de nouvelles valeurs et relations. 


 
Dans le dialogue avec la patrimonialisation portée à Couriot/Musée de la Mine depuis 30 ans, il s’agit de susciter des questionnements et des rencontres par une exploration des manières dont s'incarnent, sur le territoire post-minier de Saint-Étienne, les problématiques, les enjeux et les « tremblements du monde ».

L'exposition est organisée autour de trois thèmes : 
- les rapports au vivant (animal, végétal ou « en nous ») ; 
- le double imaginaire de l’affirmation des limites (humaines, planétaires, specistes) et de leurs transgressions par la technique ; 
- l’habitabilité du monde.

Entre la chute de l’Homme annoncée par l’Anthropocène et une possible ascension qui reste encore à réaliser, cette exposition se veut un moment en suspension nouant des dialogues entre « usages » et « symbolique » où l’héritage minier devient le terreau idéal pour fonder de nouveaux imaginaires et de nouvelles valeurs individuelles et communautaires. Interpelant la modernité à sa manière et par conséquent la société industrielle, cette exposition invite non seulement à reconnaitre certaines conséquences du projet moderne mais à reprendre les principes idéologiques qui l’ont fondé, à en déconstruire les présupposées anthropologiques, ontologiques, épistémologiques et politiques. 

Ainsi pensé et vécu non plus uniquement et principalement comme mémoire mais comme expérience, l’héritage minier nous permettra de « suivre les fils emmêlés de tout ce qui fait le tissu compliqué du monde, les trames qui attachent les uns aux autres, non seulement les humains, la terre, les autres espèces, les éléments biologiques, mais aussi les artefacts, les technologies et les objets mêlés, et encore les langues, les esprits, les fantômes, bref, tout ce qui, humain et non-humain, ‘habite’ ce monde » pour reprendre les propos de Florence Cayemaex dans son ouvrage « Habiter le trouble avec Dona Haraway ».

Equipe : Georges-Henry Laffont (EVS-ENSASE), Oscar Barney (ECLLA, ENSASE) et Guillaume Benier  (ENSASE), Paul Roth (ENSASE) et les étudiant.e.s de seconde année de licence de l’ENSASE.

 

Pour aller plus loin :

Programme complet de la Biennale Internationale Design 2022